Cet article ne prouve pas qu’il y a une vie après la mort mais que cette possibilité est devenue plausible dans le cadre de la physique contemporaine.
0) Depuis la nuit des temps, la mort est au centre des préoccupations humaine. Elle est même un universel traversant les siècles et les peuples. De tous temps, les hommes se sont demandé ce qu’ils devenaient une fois après avoir quitté la dépouille matérielle. Ce qui suppose une dualité entre le corps soumis aux lois du temps physique et une partie de l’âme promise à un autre monde. De plus, si la « vie » se poursuit après la mort en ce monde, il faut qu’il y ait un second monde, caché, occulté. Les sages et autres gnostiques de l’Antiquité étaient persuadés de l’existence d’un monde caché pouvant recevoir les âmes défuntes et certains y avaient leurs entrées paraît-il. Le rapport entre l’homme et la mort se raconte dans un long récit historique. Qu’en est-il en 2020 ?
1) Les scientifiques contemporains adhèrent en majorité à la conception matérialiste, qui nous explique se passe après la vie : rien, plus rien et même pas trois fois rien ! Cette déduction repose sur le monisme matérialiste. S’il est exact que l’âme et conscience reposent sur une matière organisée dans un corps et un cerveau, lorsque cette matière se désagrège lors du décès, l’âme disparaît, elle se dissout en même temps que la matière dont elle dépend et avec laquelle elle se confond. Pendant longtemps, les savants pensaient que le monde physique matériel, celui des astres et des minéraux, était distinct du monde animé régit par un principe vital inexplicable en termes de sciences de la matière et de l’univers. Ces savants étaient vitalistes mais lors du long XXe siècle scientifique, la vision réductionniste et mécaniste l’a emporté. Les découvertes de la biochimie, génétique, neurologie, algorithmique, ont appuyé la vision matérialiste sans pour autant expliquer les origines de la vie, et encore moins de la conscience. Les neurosciences étudient le cerveau mais pas la conscience. En utilisant des IRM ou des électrodes, ils observent le fonctionnement du cerveau mais pas l’émergence de la conscience.
La conception matérialiste est-elle la plus plausible ? Encore faut-il comprendre ce qu’est la matière et c’est la physique qui nous le permet. Les neurosciences fondent leurs théories sur une seule interaction, l’électromagnétique. Au final, les sciences du cerveau sont devenues à l’image d’un vitalisme inversé. Ils ont extrait de la nature ce qui appuie leurs observations. Si le vitaliste place la vie au-dessus et à l’écart de la matière, le neuroscientifique place l’univers matériel à côté de la vie, en dessous. La vie finit par être réduite à ce qui est observable avec l’interaction électromagnétique. Or, la théorique quantique des champs nous apprend qu’il y a deux autres « forces », la faible et la forte, alors que la cosmologie repose sur deux principes étrangers à l’électronique, l’inertie et la gravité.
S’il est admis que la physique sert à expliquer la vie sur terre, pourquoi ne pourrait-elle pas expliquer ce qui pourrait advenir après la mort en décrivant les transactions énergétiques ?
Actuellement, la physique est employée pour expliquer l’homme extérieur, ainsi que le monde extérieur sur lequel elle s’appuie en jouant sur la fiabilité des expériences, données et mesures. Mais rien n’interdit à la physique d’expliquer le monde intérieur. C’est sur cette face que loge l’âme que l’on suppose quitter le corps une fois la vie organique et matérielle achevée. Si la physique étudie le monde visible, peut-elle servir d’indice témoignant d’un monde caché ? Oui, mais pas toutes les physiques. Les cinq premières (mécanique rationnelle, thermodynamique, électromagnétisme, relativité restreinte, cosmologie relativiste) concernent l’homme relié au monde extérieur. La mécanique quantique et le modèle des particules ouvrent vers le monde des intériorités, celui des codes cachés de la matière. La cosmologie relativiste est compatible avec la présence d’un monde caché sans qu’il ne soit nécessaire d’en passer par les trous noirs. Une physique des mondes intérieurs est donc envisageable.
2) Si la vie extérieure passe par des mécanismes neuronaux et électriques, quels seraient les « mécanismes » expliquant la vie intérieure et ses expériences non ordinaires, notamment la mort qui est une expérience extraordinaire ; ceux qui l’ont vécue n’en sont pas revenus. Sauf le cas des sujet NDE qui ont vécu des expériences étranges mais ne sont pas morts. La physique nous enseigne que tout est énergie et que la matière est une énergie prenant des formes spécifiques grâce aux règles des quatre forces fondamentale. La physique classique étudie les conversions énergétiques. La force thermomécanique produite par la vapeur chauffée par le charbon se transforme en force mécanique permettant de lancer la motrice sur les rails à une vitesse conséquente, parfois à « toute vapeur ». La force mécanique appliquée à une turbine génère du courant électrique qui alimente ensuite les moteurs. Plus compliquée est la conversion de l’énergie électrochimique qui utilise l’oxygène en amont et produit la contraction des sarcomères. C’est l’une des grandes énigmes de la vie que l’émergence d’une force mécanique à partir du monde prébiotique et de l’énergie photonique.
Le monde quantique renseigne sur les transactions élémentaires, notion qu’il est préférable d’employer plutôt qu’interaction. La plus connue des transactions est celle qui se produit entre un quantum du champ radiatif et un électron. L’énergie du photon n’est plus radiative une fois absorbée, car elle est intégrée dans celle de l’électron et prend une autre forme. Les deux autres forces fondamentales de la matière ne dérogent pas au principe de transaction. Ne serait-ce qu’avec la différence entre les bosons et les fermions. Les bosons servent à véhiculer les transactions et comme ils peuvent se superposer dans un même état, la transaction n’est pas limitée. Le banquier universel de l’énergie dépense sans compter mais les fermions doivent respecter les règles. Tout emprunt doit être remboursé !
La force faible décrit d’étranges transactions. A partir d’un neutron, elle génère un proton et un électron, autrement dit, deux formes matérielles chargées et donc soumises à l’interaction électromagnétique, contrairement au neutron. Plus étrange encore, un neutrino est émis. Cette particule porte de l’énergie sous une forme particulière. Le neutrino est sans masse (sauf expérience montrant le contraire), de spin ½ ; c’est donc un fermion qui de plus, se propage dans la matière et l’espace à la vitesse de la lumière. Nous comprenons mieux ce qu’est une transaction en physique fondamentale. La force forte n’échappe pas à ce principe. Elle a aussi ses transactions obéissant à des règles précises, notamment la symétrie CPT.
L’électrodynamique quantique illustre très bien cette notion de transaction. Cette théorie permet de calculer et d’expliquer comment la force électromécanique se transmet par les charges électriques émettant et réceptionnant des photons virtuels. L’énergie non matérielle du photon se transmet en énergie mécanique (et donc matérielle). La constante de structure fine intervient. Les physiciens ne savent pas encore quelle est sa signification (j’en ai proposé une dans « Les sept physiques et la nouvelle alliance », texte en attente d’un éditeur). Les transactions décrites au niveau quantiques reposent sur des modifications dans la forme énergétique (à l’instar d’une conversion monétaire depuis le dollar vers l’euro).
L’étude des particules utilise une physique des hautes énergies destinée à « casser » la matière. Elle est en réalité une étude de la face cachée de la matière, celle qui intéresse l’âme et qui dans le modèle chromodynamique, prévoit une transaction forte entre quarks et gluons, alors que des échanges de quarks sont prévus avec la transaction faible. Le monde caché s’avère plus riche que le monde visible. Si ces particules n’interviennent pas dans notre monde visible, ce n’est pas parce qu’elles ont disparu après le big bang mais parce qu’elles ne se montrent pas et restent dans la face voilée de la matière où elles jouent certainement un rôle.
3) Si l’âme part dans un autre monde, elle doit changer de support énergétique, ce qui suppose de laisser la partie l’énergie servant de véhicule terrestre pour réaliser une « transaction spirituelle » lui permettant d’entrer dans l’autre monde dont on ne connaît pas les règles bien que la rédemption eut été considérée sous l’angle d’un échange moyennant une « rançon » ou pas. Cette opération est une sorte de délestage. L’âme s’allège des « énergies » qui n’ont pas cours dans le monde caché. Celui qui finit sa vie dans une tribu amazonienne n’a pas besoin de ses lingots d’or, ni de son SUV. Il se déleste. La physique est en mesure d’expliquer le transfert d’une âme vers un monde caché ; qu’elle pourra aussi concevoir en utilisant les outils encore rudimentaires de la gravité quantique et notamment la dualité AdS/CFT qui selon certains, s’applique aussi à l’étude de notre univers. Nous ne sommes qu’au début d’une nouvelle rencontre entre les sciences physiques et la spiritualité. Je propose un schéma simplifié pour configurer l’âme humaine, sa place et son destin dans l’univers
(A) Physique quantique, électromagnétisme, chimie
Nature-source ↔ utilisation du monde ↔ âme rationnelle
------------- = ↨ ↨ ↨ ↑ =
Cosmos-source ; vision ↔ âme spirituelle → // ← Source de l’Univers
(B) {Gravité quantique} {Inertie quantique}
Cette figure rappelle que le monde est gouverné par deux catégories de lois, (A) celles de la mécanique quantique, combinée au magnétisme, au champ radiatif, à la chimie ; puis (B) celle de la gravité, l’inertie, la force quantique forte. Cette dualité correspond pour une part au distinguo établi par Prigogine entre la physique du Devenir et celle de l’Etre.
L’âme humaine est composée d’au moins deux parties, rationnelle et spirituelle. Pour faire simple l’âme rationnelle (avec l’ego) permet d’utiliser le monde, l’âme spirituelle de penser et de « voir » le monde. Dans cette conception, le cerveau n’est pas le producteur mais le produit de la pensée qui ordonne les neurones ; il n’est donc qu’une interface (entre les sources du monde et l’âme-source de soi) permettant aux âmes de décoder le monde, trouver le mode d’emploi et ses règles ou bien le sens de la vie, ses symboles et sa destinée. Cette conjoncture est connue des sages, mystiques et autres explorateurs de la vie spirituelle. L’homme est en tension, entre le désir du monde qui peut être satisfait ou pas et l’aspiration à une vie intérieure qui ne se laisse pas maîtriser comme le voudrait l’homme moderne (parfois capricieux).
Au moment de la mort, l’âme spirituelle se décroche de l’âme rationnelle qui elle, dépérit avec le corps et ses cellules décomposée. L’âme spirituelle se détache et suit sa course dans le champ séparant notre monde de la source universelle (nommée et interprété diversement, Un pour Plotin, Dieu pour les Occidentaux, Ain Soph pour les kabbalistes, Brahma en Inde, Tao en Chine). Le sort de l’âme dépend d’une transaction réglée par d’autres lois (supra)physiques que celles de la mécanique quantique et l’électromagnétisme.
Pour conclure on fera remarquer que la physique ne prouve rien. Elle ne fait qu’expliquer les réalités expérimentées par l’homme. Tout ce que l’on peut affirmer, c’est que le développement des sciences physiques montre que le monde ne se réduit pas aux objectivités matérielles et astrophysiques. Une partie de la physique correspond à la vie intérieure de l’âme et laisse penser à la présence d’un monde caché, parcouru par les énergies et les essences. Verdict : la physique contemporaine ne peut qu’appuyer le pari pascalien. Elle ne prouve rien, ni ne guérit de la crainte de la mort. Elle appuie les espérances mais ne les crée pas. Elle accompagne la gnose en fournissant un cadre méta-physique, à l’instar de l’électromagnétisme qui fournit un cadre physique au sensible et à la vie.
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