14 juin 2005
Oracles oniriques, monde tyrannique ?
23 heures ce soir. Demain ce tiendra le café actu. Une discussion sur l’actualité. Je vais certainement tenter l’impasse sur Florence Aubenas. On a frisé l’indigestion et même le grotesque. Un de ces jours, je ferai une note sur les médias en Occident. Intéressante émission en Iran sur le ressort réformiste présent dans la majeure partie de la société et ce décalage des religieux dont le pouvoir est aussi important que leur capacité de nuire à un peuple. Les journalistes sont courageux et défendent les aspirations au changement portées par les populations. Etrangement, en Europe, les journalistes se sont alignés sur des élites qui imposent leur modernisme contre les peuples qui n’ont pas les mêmes aspirations. Le modernisme est un progrès en Iran, un fléau en Europe. Etonnant non ! Se serait exclamé le professeur Desproges, concluant ainsi sa minute d’encylopède universel.
Tout ceci ne me dit pas quelques seront les thèmes discutés demain. L’actualité n’a rien de bien excitant. Mais Sarkozy est assez excité. En France, le gouvernement ne semble pas vraiment où il habite. L’Europe est sujette à des dissensions majeures. Il faut dire que les marges de manuvres économiques sont limitées, notamment par la rigueur de la politique monétaire et l’incapacité à inventer un autre système compatible avec un développement équitable. Les caisses sont vides. Les crises de ce type engendrent autant les dérives populistes que les arrogances des dirigeants. Chacun tire vers soi. Les intérêts nationaux reprennent le dessus. Alors, un mot pour résumer. Les politiciens de notre temps sont-ils des incapables ?
La nuit dernière, je me suis retrouvé dans un rêve où une force intellectuelle m’imposait de discourir sur Hiéron. Plusieurs fois, ce mot m’a été délivré. Peut-être un rêve comme ceux de Descartes. Hiéron est un court texte de Xénophon composé sous forme de dialogue mettant en scène le poète Simonide et le tyran Hiéron afin de débattre sur les inconvénients et les avantages d’être tyran. Ce texte a servi de piste de décollage pour une étude menée par Léo Strauss sur la science politique antique. Sa thèse se résume simplement. Les anciens auraient découvert des problèmes que la science politique moderne s’est employée à brouiller. Et notamment la question de la tyrannie. Les raisons invoquées tiennent en quelques mots. Les politiques tyranniques contemporaines reposent sur ces ingrédients de base. Idéologie, technologie et usage de la science comme instrument de domination de la Nature, contrairement à son homologue antique qui se voulait d’une part réservée à des initiés et d’autre part comme un dispositif servant la connaissance bien plus que la technique et l’action efficace.
Pour l’instant j’ignore ce que signifie cet oracle. Il y a-t-il une connivence spéciale avec mon livre sur les blogs ? Une sorte de mise en perspective permettant un éclairage spécial et inédit. Ou alors une incitation à poursuivre dans l’investigation politique. Mettre à jour par exemple le projet européen dans une inscription contemporaine comme une tyrannie atténuée. Le canevas de l’efficience technique est largement présent, autant que l’idéologie et la science, vénérée et défendue par les élites, enfin, une science hyper-moderne qui n’a rien à voir avec les humanités, que celles-ci soient classique ou moderne. Bref, une organisation univoque des savoirs qu’il faut combattre. Doublée d’une organisation de la société avec ces normes techniciennes. Enfin, cet oracle m’amène encore et toujours autour de cette question de la Technique. Il faut que je poursuive dans cette voie. C’était ce que m’avait conseillé Yves Michaud à qui j’avais passé une copie de mon article dur la technique.
A suivre
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