1 mars 2005
Velléités insurrectionnelles d'une conscience
Aujourd’hui j’ai reçu un mail provenant d’une groupie hantant le blog de DSK. J’aurais paraît-il dit que les commentaires y sont écrits par une équipe, ce qui est faux. J’ai simplement osé prétendre chez Pierre Bilger que DSK ne répond pas aux commentaires sur son blog et laisse une équipe le faire. A ma connaissance je n’ai jamais vu DSK signer un commentaire, contrairement à Pierre qui d’ailleurs, reprend certains propos de ses visiteurs dans ses notes. Cette anecdote a le mérite de montrer les susceptibilités autant que la vie foisonnante dans la blogosphère. Et puis, on me surveille ? C’est bon signe. Il y a en moi un puissant désir égocentrique et je ne peux qu’être satisfait du résultat. Si ça se trouve, je suis même fiché chez les RG pour mes propos révolutionnaires inscrits en forme de note ici, et même de commentaires chez Pierre Bilger.
L’écriture du livre démarre lentement. J’en ai expliqué les raisons. J’espère qu’il pourra être accessible et agréable à la lecture si jamais je l’achève. En tous cas, ce ne sera pas un guide du routard dans la blogosphère, ni un manuel pour débuter dans la réalisation d’un blog. On trouve déjà des ouvrages dans le commerce. Pourtant, ouvrir un blog c’est simple. C’est comme piloter sa première mob, il suffit de tourner la poignée et hop, on est transporté par la puissance des 50cc. Je vous livre deux lignes extraites du préambule : « Je pousse à dessein les hypothèses hautes. On l’aura compris, cet essai s’inscrit entre autres choses dans une intention polémique visant à susciter une controverse entre Anciens et Modernes. Bien évidemment, la figure tutélaire de la tradition et de l’anti-numérique sera incarnée par Alain Finkielkraut, grand contempteur de l’Internet devant l’éternel. ». Gageons que si ce livre est édité, je me ferai un plaisir de lui donner la réplique dans son salon pour causer à France Culture.
Pour donner quelque grain à moudre à mes lecteurs, je reproduis deux commentaires placés chez PBi, ; l’un à propos des enjeux du Non face à la constitution et l’autre à propos de l’affaire Gaymard. Le style semble plus incisif, traduisant mon passé de bagarreur sur les forums.
A lire les débats, on se perd de plus en plus entre casuistique, idéologie, science du droit.
Pour essayer de lancer une piste originale, je partirai du constat que l'Europe est une entité politique bâtie par les élites qui gouvernent. Les peuples n'ont rien demandé. Leur Europe est faite de rencontres en camping ou ailleurs, de culture, de voyages d'étude qui peuvent être facilités par des instances européennes mais autant que je sache, un jeune peut aussi aller aux Etats-Unis ou en Inde pour découvrir le monde.
Les peuples ne sont aucunement le ressort de cette construction qui est faite pour eux à ce qu'on prétend, mais pas par eux. Mais ces peuples, si on les laisse livrés à eux-même, sombrent dans l'apathie. Que proposent-ils ? Pas grand chose en vérité. Les partisans du Non ne me séduisent pas. Ceux qui pensent Oui me paraissent plus présentables. Hélas, c'est comme le verre à moitié vide ou à moitié plein. L'Europe est un grand vide.
La vraie question. Est-ce que les peuples ont confiance à leurs élites ou non. Tel est le vrai motif de cette consultation. Je n'en vois pas d'autre. Tous ces débats sont devenus pour moi sans substance mais chapeau à PBi pour avoir osé libérer la parole. Le débat ici est plus intéressant que le cirque médiatique où les politiques incarnent des rôles. Ici, ce n'est pas du théâtre cirque mais un banquet démocratique. Champagne !
La suite du débat ne sera jamais évoquée sur la place publique parce que trop philosophique. La téléologie de la technique, Ellul...les réseaux de pouvoirs, les sphères d'influence, Luhmann, la gouvernementalité, Foucault, la domination de l'économie etc.
Moi, je vote Non, Non contre le traité, Non contre les peuples, Non contre pour l'Histoire.
1789 n'a pas encore eu lieu, comme les Grecs sont les premiers qui ne pensent pas encore.
Toutes les Révolutions ont avorté. Alors ou bien on décide de se passer d'une Révolution et on se soumet à l'oligarchie pensante calculante, ou bien on y va gaiement, élégamment.
Dans cette affaire Gaymard on présente le Ministre comme une sorte de héros qui donne à l'Histoire. Mais nul n'a encore dit la vérité. Gaymard comme des tas d'autres ont plus pris que donné. Ce sont en terme de valeur des voleurs. Ils n'ont rien créé. Ils ont été créés par le système et après on s'étonne qu'ils ne comprennent pas leurs fautes.
Un vrai entrepreneur mérite une vie gagnée. Richard Branson qui a osé avec Virgin mérite son succès et son fric, pas Gaymard, ce petit Rastignac de l'énarchie qui s'est cru affublé d'un blason. Gaymard a chuté et j'en suis heureux parce que je suis révolutionnaire.
Merci PBi d'ouvrir votre blog et de le laisser évoluer en salon révolutionnaire.
Adieu Gaymard, le peuple n'aime plus se faire arnaquer par des imposteurs. Qui sera le prochain sur la liste ? Sarkozy ? Il est rusé, mais le peuple saura avoir sa tête !!!
Juste une explication de texte sur 1789. Heidegger dans une célèbre formule des plus sibyllines, déclara que les Grecs sont les premiers qui ne pensent pas encore, non sans souligner que les Occidentaux en étaient au même point au moment où il écrivit ces lignes. De là l’idée que les Français sont le premier peuple qui n’a pas encore fait la Révolution, non sans souligner que nous en sommes au même point. Héhé, j’en vois qui vont s’indigner. Les mots barrés figurent dans l’original que je me suis autorisé à rectifier. Ces deux textes s’entrelacent autour d’un noyau central, le concept de tectonique des nations, appliqué à la séparation entre les peuples et les dirigeants. N’ayant pas suffisamment de bagage en Histoire, il m’est impossible de dire si cela n’a pas toujours été le cas et si à quelques moments de notre Modernité, peuples et gouvernants ont partagé un dessein commun. 1789 ? Si c’est le cas, alors cela n’a pas duré et vu le résultat, autant qu’il n’en soit plus ainsi. Toujours est-il que l’Europe construite à Bruxelles se fait sans demander l’avis des peuples, comme s’il devait en être ainsi, pour répondre à une nécessité géopolitique et économique. Une telle Europe ne me convient pas. Pourtant, je me sens très européen de part les cultures que nous partageons. A quinze ans, j’étais un amateur de rock allemand, que je trouvais largement supérieur aux piètres productions nationales. En fin de compte, ce referendum n’est autre chose qu’un élément du cirque démocratique auquel nous sommes habitués. Un vote de confiance, rien de plus et c’est sans doute dans l’esprit de la cinquième République. Faisons-nous confiance à nos dirigeants, c’est la vraie question ces dirigeants qui vivent dans un monde à part et qui ignorent qui nous sommes.
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