Café philo. Qu’est-ce que philosopher ?

Rencontres philosophiques à la « Taverne du septième art »

Place de l’Eglise – Talence

(face au Gaumont)

Tous les mercredis à 18 heures

 

  

    02/03  café philo : qu'est-ce que philosopher ?

 

2 mars 2005 

 

Café philo. Qu’est-ce que philosopher ?

 

Voilà un thème approprié pour un café philo, cette fois drivé par mon ami J.-C. Je me demande si on n’aurait pas dû commencer par là. En plaçant ce sujet en cours d’année, on risque bien de parvenir à la conclusion fatidique. Nous n’avons pas philosophé lors des séances précédentes alors que nous croyions que…et en fait…ce n’était pas ça… En fait, le thème ne présente aucun risque puisqu’il n’y a pas une manière de philosopher et donc, que l’on pratique l’exégèse des derniers textes de Heidegger ou que l’on discute du statut particulier de l’amitié, avec des mots de tous les jours, on fait de la philosophie. Cela dit, il existe des niveaux de pensée et de profondeur de vue bien distincts. Il faut préserver ces sphères, comme il faut continuer à jouer Debussy dont les œuvres sont bien plus riches qu’une chanson de Brel ou de Brassens. On peut aimer les uns ou les autres, comme on peut s’inviter dans un café philo ou dans un cours du Collège de France. Inviter n’étant pas le mot approprié. Etre convié oui. L’essentiel est de préserver les sphères pour qu’ils puisse y avoir transphères. Le désir égalitariste voudrait que la philosophie soit accessible à tous. C’est idiot. Le vrai égalitarisme est que tous soient convié à faire de la philosophie mais après, chacun prend ce qu’il peut et qu’il trouve. Il n’a pas à se sentir dévalué s’il ne comprend pas les envolées spéculatives.

 

Après avoir consulté ma bible, autrement dit le dictionnaire Lalande, la philosophie, jusqu’à Pythagore, on appelait « sophes » ceux qui s’occupaient de connaître les choses divines et humaines, ainsi que les origines et les causes de tous les faits (Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, p. 771).

 

Cette définition me convient parfaitement. Elle a quelques consonances védiques puisqu’en Inde, le brahmane est un sage doué de compétences similaires. Dans mon ouvrage édité, sans avoir consulté cet ouvrage acquis tout récemment, je définissais la philosophie comme étant l’art de répondre à trois questions. Qu’est-ce que Dieu, l’homme, la Nature. On voit que je ne suis pas très loin des Anciens. En filigrane, et pour répondre à une actualisation, la philosophie doit aussi dire ce qu’est une société et l’Histoire. Vaste projet. Après avoir dévoilé mon coté médiéval, voici mon aspect antique. Ce qui confirme que je ne suis pas dans mon époque, ou alors que si j’y suis, je n’y suis que de trop d’où l’impossibilité de trouver ma place, étant à l’image d’un énorme colis dont nul ne veut et qui est refilé de maison en maison.

 

Pour ce qui est du sujet de ce café, je pense que c’est à chacun de livrer son idée de la philosophie, ce qu’il en attends et ce qu’il entend par philosophie. Il n’y a aucune honte à ne pas entrer dans un schéma type, d’autant plus que s’il est bien un sujet de discorde chez les philosophes, c’est celui de définir la philosophie. A l’Université, beaucoup pensent que philosopher c’est étudier les auteurs canonisés par l’Histoire. Ce faisant, ils jouent d’un ostracisme auquel je n’adhère pas. Philosopher c’est par essence essayer de penser le monde qui nous entoure, saisir la grande sphère de l’existence dans tous ses recoins, prendre plaisir à connaître toutes les salles de cet immense labyrinthe, même si dans notre courte existence on ne peut en explorer que quelques-unes unes. Se connaître soi, son corps, son rapport avec les autres, le fonctionnement d’une société, apprendre à se construire… philosopher, ce serait exister et progresser en s’élevant vers les plus hautes possibilités qui nous sont offertes de devenir Homme… ou Femme.